Les militants de l’impuissance

Les militants de l’impuissance. Je viens de voir passer un article : Michel Houellebecq : «L’Occident est dans un état de déclin très avancé»

Au début, je n’ai même pas fait gaffe. J’ai cru que c’était une redif d’une interview d’il y a un mois, ou bien de 2014, ou de l’an passé, je ne sais plus – faut dire que Zemmour a dit exactement la même chose hier ou la semaine dernière ou le mois dernier, je ne sais plus, à moins que ce ne soit Finkie. Toutes les semaines, je vois défiler ce genre de titres, comme s’il s’agissait de déclarations fracassantes. On s’y habitue, on ne les remarque même plus.

Chaque semaine, la presse française de droite se délecte de ce genre de déclarations fades, dépressives et résignées.

« Déclin », « suicide français » … cela fait longtemps que ces mots ne sonnent plus comme une alarme mais comme un requiem poussif qui n’en finit plus d’être ressassé.
Déclarer l’Occident mort est bien commode : à quoi bon sauver un cadavre ? On justifie toutes les lâchetés. On excuse sa propre passivité.

Et puis, la litanie des dépressifs a quelque chose de convaincant : c’est vrai, il y a des tas de trucs qui vont mal, qui sont inquiétants. On voit tous de quoi ils parlent, les Houellebecq, les Finkielkraut, les Zemmour, les Onfray et la cohorte de wannabe.

C’est marrant, on les entend toujours gémir de « la décadence occidentale » mais jamais souhaiter un renouveau occidental, un regain de puissance. Ça sonnerait trop suprémaciste blanc, vous savez, le truc des beaufs. Et puis l’impérialisme, c’est mal, c’est l’américanisation, blabla.

Un intellectuel français qui se respecte, voyez-vous, ça ne supporte pas tout ce qui bande encore en Occident. C’est pourquoi une de leur principales activités est de faire débander tout le monde, inlassablement, à coup de déclarations toutes plus chiantes les unes que les autres.

Ces gémissements continuels ne sont rien d’autre qu’un militantisme de l’impuissance. Sauver des vies ne les intéresse pas, mourir dignement est leur seule préoccupation. Le concours de la déclaration antioccidentale la plus snob est leur seul défi.

Le pire est que ces militants de l’impuissance sont pratiquement les seules voix de droite autorisées médiatiquement. Ça donne une illusion de pluralité. Et ça place les auditeurs face à une seule alternative : soit le progressisme gauchiste béat, soit le camp des mourants réfractaires impuissants. Ce n’est pas juste « la faute aux médias ». La droite est responsable de cet état de fait. C’est elle qui a utilisé ses ressources pour faire des ces scrogneugneus ses porte-parole exclusifs.

La droite et ses vieux réflexes d’aristocrate aigri souhaitant la mort du peuple qui l’a déchu. La droite catholique bourgeoise qui n’a jamais digéré la laïcisation de la société et qui préfère voir un pays mourir plutôt que rayonner sans ses bondieuseries.

La droite qui te répète chaque jour que la France est morte et qu’elle va ENCORE PLUS MOURIR si on n’inscrit pas les racines chrétiennes dans la constitution, mais qui, à chaque fois qu’elle a eu le pouvoir, n’a pas levé le petit doigt sur l’immigration. Qui sort de temps en temps sa petite phrase presque raciste, histoire de rassurer son électeur prolo ou classe moyenne, mais n’a jamais sérieusement songé à faire pour de vrai ce qu’espère réellement ledit électeur.

La droite qui bénéficie pendant des décennies des salaires tirés par le bas par l’immigration, qui s’en fout un peu tant que ses gosses restent entre blancs, puis qui te jure que l’islamisation, c’est la faute au bas peuple américanisé qui s’est vautré dans le vide spirituel et le consumérisme.

Cette droite se satisfait de lire son requiem hebdomadaire.

Quand cessera-t-on de humer chaque pet de décliniste comme s’il s’agissait d’un encens précieux ?